mercredi 10 décembre 2008

CANTIQUE1

ERRANCE I

J'ai senti mon esprit se défaire de mon corps
et couler doucement dans la vallée des morts.
J'ai vu ma chair frémir de ses derniers malheurs,
j'ai perçu la douleur de mes amis en pleurs.

Ils sont autour de moi, ceux que j'aime et qui m'aiment,
caressant doucement mon froid visage bleme.
Ils vont, sur ma dépouille, pousser l'énorme pierre,
et confier au tombeau leur dernière prière.

J'aurais voulu d'un mot tarir leur tristesse,
réconforter leurs coeurs unis dans la détresse,
leur dire que j'étais là, assistant à leur peine,
dans l'éther de cristal et de couleurs sereines.

J'étais comme un parfum mobile et délicat,
ici ou là sur terre, en tous lieux à la fois,
irradiant d'une source de lumière légère
identique à l'image de mon corps de chair.

Et tout autour de moi, couverts de transparence,
des etres de tous ages vivaient leur temps d'errance.
Je les voyais briller d'une aura immortelle,
attendant qu'à nouveau la terre les rappelle.

J'allais dans les cités, j'allais dans les pays,
partout où le bonheur comme le feu jaillit,
partout où le malheur, comme un nuage noir,
de tant de pauvres gens vient assombrir l'espoir.

j'aurais aimé leur dire quel merveilleux dessein
pour eux et pour les autres comporte leur destin.
J'aurais aimé qu'ils sachent que leur triste passage
verra après son terme une nouvelle page.

Aucun commentaire: